18.
Ce qui est perdu

 

Fiona se meurt.

Apprendre le décès de Linden lui a porté le coup de grâce. Elle souffrait depuis longtemps, mais elle avait toujours réussi à résister au mal. Cependant, ces deux dernières années, elle s’est peu à peu flétrie. Ses cheveux, jadis flamboyants, ne sont plus qu’une masse blanche, et ses yeux verts sont profondément enfoncés dans leurs orbites. Je sais qu’elle est à l’agonie. La simple idée de la perdre me rend fou. Elle, mon cher amour, la seule chose précieuse qu’il me reste ici-bas…

Ce matin, j’ai brisé le silence en envoyant un message à Gìomanach. Je ne l’ai pas contacté directement, j’ai lancé un sort pour entrouvrir une porte dans son esprit. Il saura ainsi que nous sommes en vie. Maintenant, je tremble à l’idée de l’avoir exposé à la vague noire.

 

Maghach

 

* * *

 

Une fois n’est pas coutume, je suis arrivée la première chez Jenna. En vérité, j’avais conduit plus vite que d’habitude. Je me sentais étrangement nerveuse, peut-être parce que j’avais décidé en mon âme et conscience de lancer un sort de magye noire sur les crétins qui harcelaient ma tante. Ou peut-être parce que j’appréhendais de ne rien ressentir, cette fois encore, durant le cercle.

— Tous les autres vont arriver en retard, m’a annoncé Jenna en prenant mon manteau. Ethan les a convaincus d’aller assister à une conférence à la bibliothèque de Red Kill. Un spécialiste du chamanisme doit évoquer l’espace sacré et le temps mythique.

— Tu ne voulais pas les accompagner ?

— Pour me retrouver avec Matt ? Non merci. Je suis déjà obligée de le supporter pendant nos cercles, ça me suffit.

— Ça doit être horrible de se séparer après si longtemps…

— Ne m’en parle pas… a-t-elle soupiré tout en faisant descendre du canapé un gros basset artésien. Au début, je ne savais pas comment j’allais faire pour vivre sans lui. Tout ça pour Raven, en plus ! Il aurait pu choisir n’importe qui d’autre, mais là, c’était vraiment humiliant.

Au moment même où nous nous installions sur le canapé, un gros chat au pelage blanc tigré de gris a sauté sur les genoux de Jenna.

— Je sortais avec lui depuis quatre ans, depuis que j’avais treize ans, tu te rends compte ? Après notre séparation, ça a été très dur. Tout le monde était au courant, au lycée. Mais je m’y habitue peu à peu. J’ai découvert que, sans lui, j’étais quelqu’un d’autre. Avant, je me sentais obligée de me justifier, de l’avertir du moindre de mes faits et gestes. Je ne sais pas comment j’ai pu prendre cette habitude… Je me sens plus libre, maintenant…

La sonnette a interrompu notre conversation. Pendant que Jenna allait ouvrir, je me suis demandé comment elle parvenait à rester aussi calme. Moi, je ne connaissais Cal que depuis trois mois et… j’avais vraiment du mal à tourner la page.

— Pardon pour le retard, a déclaré Hunter en entrant dans la pièce, suivi des autres.

— Y avait un monde fou, a ajouté Ethan. Je n’aurais jamais cru qu’autant de personnes savaient qu’il y a une bibliothèque à Red Kill !

— On va commencer tout de suite, si vous le voulez bien, a annoncé Hunter.

Il s’est dépêché de tracer un cercle autour de nous en fredonnant un chant pour invoquer la Déesse.

— Ce soir, je veux que nous nous concentrions sur ce que nous avons perdu, a-t-il annoncé tandis que nous tournions à toute vitesse.

L’énergie du cercle était déjà palpable. Je voyais presque les courants magyques tourbillonner autour de nous dans un ballet de rubans lumineux. Cette fois-ci, je me sentais davantage en communion avec les autres.

— Pensez à quelque chose que vous souhaitez retrouver. Ne le dites pas à voix haute, mais demandez à l’énergie du cercle d’entrouvrir un passage en vous pour y parvenir.

Qu’avais-je perdu ? Mon cœur, ai-je pensé aussitôt. Pourtant, même moi, je trouvais cela trop grandiloquent pour y mêler la magye.

J’ai laissé mon esprit vagabonder un instant. Hunter regardait droit devant lui, comme s’il voyait des choses dans une autre dimension. Je me suis forcée à fermer les yeux pour retrouver ma concentration. Soudain, une vague d’émotions m’a envahie, une nostalgie déroutante qui ne m’appartenait pas. J’ai vu un homme que je ne connaissais pas, grand, avec des yeux bruns et des cheveux gris.

Papa, ai-je entendu une voix murmurer. Papa.

Je savais que je venais de voir le père de Hunter, comme si j’avais intercepté les images qui défilaient en lui.

Surpris, ce dernier a tourné la tête vers moi. Je me suis sentie rougir. Je n’avais pas voulu me montrer indiscrète. J’espérais qu’il s’en doutait.

J’ai senti son effort pour retrouver sa concentration. Il a commencé à ralentir la ronde. Peu après, nous nous sommes arrêtés et tout le monde s’est assis. Alors, Hunter s’est adressé à moi sans me regarder dans les yeux :

— Morgan, je peux te parler une minute ? Excusez-nous, on revient tout de suite.

Avant que j’aie pu prononcer le moindre mot, il m’avait prise par le bras pour m’emmener dans la cuisine.

— C’est un abus de pouvoir, Morgan, a-t-il sifflé entre ses dents. Tu n’avais pas le droit de faire ça !

— Je ne l’ai pas fait exprès, je te le jure !

Je voyais qu’il essayait de se calmer, de contrôler sa respiration. Je n’arrivais pas à déterminer si ses joues étaient rouges d’embarras ou de colère. Comme je détestais moi-même qu’il lise dans mes pensées, je devinais ce qu’il devait ressentir.

— Je suis désolée, Hunter. Je te le promets, je ne comprends pas du tout ce qui s’est passé.

— C’est bon, je te crois, a-t-il murmuré, les yeux rivés au sol.

— Comment cela a-t-il pu se produire ? Je pensais vaguement à toi, puis j’ai reçu toutes ces images…

— On… on s’est juste… synchronisés…

— C’était ton père ?

Il m’a regardée intensément, ses yeux verts brillants de mille feux.

— Oui. C’est incroyable, Morgan. Soudain, j’ai su que je pouvais l’appeler, qu’il m’entendrait…

— Tu penses donc qu’il est en vie ?

— Oui.

— Et tu l’appelleras ?

— Je ne sais pas. Je ne l’ai pas vu depuis tellement longtemps… Qui est-il, aujourd’hui ? Serait-il heureux de voir ce que je suis devenu ?

— Un Traqueur ?

— Oui, nous ne sommes pas très populaires auprès des sorciers, tu sais…

— Mais tu es le membre le plus jeune du Grand Conseil ! Il ne pourrait qu’être fier de toi !

— Tu oublies que c’est un Woodbane. Si ça se trouve, lui aussi pratique la magye noire.

— Tu n’en as jamais marre d’être pessimiste ? On parle de ton père ! Tu ne l’as pas vu depuis dix ans ! Par la Déesse, si je pouvais revoir ma vraie mère ne serait-ce qu’une seule fois…

Soudain, un éclat de rire a retenti et la voix de Sharon nous est parvenue :

— Ethan, arrête !

Hunter s’est tourné vers la porte, comme s’il avait oublié où nous nous trouvions.

— On ferait mieux de rejoindre les autres, a-t-il déclaré en sortant de la cuisine.

J’aurais préféré poursuivre cette conversation. Pour une fois, nous ne nous disputions pas, nous parlions à cœur ouvert…

Dans le salon, les autres l’ont assailli de questions.

— J’ai lu le livre dont tu m’avais parlé l’autre fois, lui a lancé Matt. Je n’ai pas compris le chapitre concernant les Quatre Tours de Garde. Tu pourrais m’éclairer ?

Hunter a expliqué patiemment, malgré l’émotion qu’avait fait naître sa vision. L’étendue de son savoir m’impressionnait. Il avait tant à m’apprendre, non seulement en sorcellerie, mais aussi en relations humaines. Comment arrivait-il à mettre ses problèmes de côté pour être à l’écoute des membres de Cirrus ?

Au moment de partir, je me suis installée dans ma voiture et j’ai attendu quelques instants que le moteur chauffe. Dans la rue où habitait Jenna, la plupart des maisons arboraient déjà des décorations de Noël. Sur le toit du pavillon d’à côté, on pouvait voir un traîneau et des rennes agrémentés de guirlandes lumineuses.

J’allais m’engager sur la route lorsque j’ai repensé à Hunter. Il s’était vraiment confié à moi et j’avais remarqué à quel point l’image de son père l’avait affecté. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. J’ai attendu que les autres s’en aillent et, lorsque Hunter est sorti à son tour de chez Jenna, je lui ai envoyé un message télépathique l’invitant à me rejoindre.

Quand il s’est approché de ma voiture, je lui ai ouvert la portière côté passager pour qu’il s’installe à côté de moi.

— Qu’est-ce qu’il y a ? m’a-t-il demandé.

— À mon avis, si tu es certain que ton père est vivant, tu dois le contacter.

— Ah bon ?

— Oui. Je sais que ce n’est pas la même chose, mais j’ai appris il y a peu que j’avais été adoptée. Il reste des zones d’ombre dans l’histoire de mes vrais parents, et ne pas connaître toute la vérité me rend folle. Toi, c’est pareil… Si tu ne contactes pas ton père, ça va te torturer… Tu ne cesseras jamais de te poser des questions.

— Ça fait dix ans déjà que j’y pense tous les jours, tu sais, a-t-il murmuré d’une voix chargée de tristesse.

— De quoi as-tu peur ?

Il m’a jeté un coup d’œil agacé.

— C’est quoi, votre problème, à vous autres Américains ? Vous vous prenez tous pour des psys ou quoi ? Vous les invitez à la télé, à la radio, et tout le monde parle couramment le jargon de Freud !

Il a fermé les yeux et s’est frotté les paupières d’une main. Je me suis retenue de lui prendre l’autre.

— Excuse-moi, a-t-il soupiré. L’Angleterre me manque. Je ne me sens pas à l’aise, en Amérique. Être un sorcier, et un Traqueur en particulier, m’a habitué à la solitude. Pourtant, ici, tout me semble faussé. Je n’ai jamais l’impression d’être chez moi.

À le voir si désemparé, j’ai éprouvé un sentiment nouveau pour lui, une sorte de tendresse.

— Je suis désolée pour toi, Hunter. Ta vie ne doit pas être marrante tous les jours.

— Je m’y habitue. Je m’habitue même à toi, à ta franchise, a-t-il ajouté avec un petit sourire en coin. Tu as le don d’appuyer là où ça fait mal, tu sais. Et c’est sans doute tant mieux pour moi.

— Sans doute. Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? ai-je insisté.

— Je ne sais pas. C’est compliqué. D’un point de vue émotionnel, d’abord : j’ai peur que, puisque je n’ai vu que mon père, cela ne signifie que ma mère est morte. Et d’un point de vue pratique : si je le contacte, la vague noire risque de retrouver sa trace. Il faut que je pense aux conséquences qu’une telle décision pourrait avoir. Je ne tiens pas à ouvrir une boîte de Pandore que je serais incapable de refermer.

— Je ne devrais pas te forcer la main comme ça… Je ne m’imagine sans doute pas ce que tu éprouves.

— Ne t’excuse pas, tu m’as parlé comme une vraie amie, a-t-il répondu en posant sa main sur la mienne. Et des amis, j’en ai peu. Merci.

La pression de ses doigts sur ma peau était divine. Je m’en suis aussitôt voulu d’éprouver une émotion pareille alors que Cal était parti depuis si peu de temps. Puis je me suis dit que je n’avais aucun compte à rendre à Cal, et que je pouvais bien goûter ce moment si cela me rendait heureuse.

— De rien, ai-je soufflé.

— Il est déjà tard, je ne voudrais pas te retenir, s’est-il excusé en retirant sa main, à ma grande déception. On se voit toujours demain après-midi ?

— Oui, je dois passer chez ma tante après la messe, je t’appellerai en rentrant.

— Bonne route, alors, a-t-il lancé en sortant de la voiture et en traçant Eolh dans l’air. Fais de beaux rêves.

Le danger
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